Avec Bec Kosmos j’initie une réflexion sur les conséquences identitaires du déclin du modèle communiste pour notre Europe contemporaine.

Consciente de la mutation de l’espace social et politique, ma prise de parole est celle d’une jeune génération ouverte sur l’Europe, qui s’interroge sur ses origines afin de mieux en imaginer les possibles. Adossée à mon héritage, à l’Histoire avec sa grande hache totalitaire-majoritaire, je ne cesse de me demander comment notre génération pourrait parvenir à extirper l’espoir de sa gangue. En somme, focalisée sur les origines et les conséquences de la chute de la dictature communiste de Ceausescu, et, au moyen d’un langage minoritaire, je tente de faire entendre les interrogations d’une jeune génération sur les possibilités d’un vivre ensemble, dès lors qu’aucune idéologie commune ne semble résister au désir de pouvoir.

 

Écrite dans une veine de réalisme-fantastique/magique, Bec Kosmos est une satire qui se déroule sous le régime totalitaire communiste de Ceausescu dans la Roumanie des années 80.

Le texte dresse le portrait de l’entrée en résistance des plus jeunes : celle d’un enfant de sept ans et celle trois révolutionnaires en herbe, âgés de vingt ans. Ils décident de renverser le régime, de rallier la jeunesse de leur génération à leur cause, ensemble ils tentent d’inventer des possibles, des lignes de fuite ; de donner vie à leurs utopies.

Deux jeunes hommes et une jeune femme se réunissent pour mettre en place un complot, ils se demandent comment ils peuvent mettre fin au système d’oppression. Ils oscillent entre un attentat politique (mettre le feu au siège du PC) et un attentat poétique ; pour finir ils feront une révolution botanique.

Le comité central du parti communiste roumain sera complètement enseveli par une végétation luxuriante, des milliards de graines ne cesseront de germer avec une force de croissance démesurée, des plantes carnivores viendront infester les représentants du PC, et le Conducator (Ceausescu) sera empalé par une Rose Japonaise sauvage géante.

À la suite de cette sédition botanique, ces personnes opprimées iront chercher la liberté et un avenir dans un pays réputé démocratique et progressiste. Pour finir, ils ne trouvent guère que le déracinement combiné à diverses formes d'ostracisme xénophobe...

L'Eldorado était un mirage.

Le contexte de la pièce est celui d’une quotidienneté de pénurie alarmante ; les tickets de rationnement, la censure, les répressions, l’intimidation, la peur de la Securitate (police secrète roumaine sous la dictature de Ceausescu), la délation, le bakchich, le troc pour survivre, l’alcoolisme pour supporter… rythment la vie de ces personnages. Le peuple est accablé de privations, muselé et supportant dans une profonde résignation un pouvoir dictatorial dont les médias (presse, radio, télé) ne manquent pas de rappeler la grandiloquence.

Outre le recueil de témoignages et les recherches menées en Roumanie, ce travail est marqué par l’influence du mouvement surréaliste et dadaïste ; Jarry, Vitrac, Artaud, Breton en particulier ; le mouvement de la Sécession Viennoise ; l’Art Nouveau ; et les écrits de Walter Benjamin et de Simone Weil.